mercredi 21 décembre 2011

EXTRASYSTOLES

Après deux semaines de blanc, ce billet sera consacré aux mésaventures cardiaques d'un jeune cinquantenaire.
Magie de l'arithmétique, la cinquantaine représente exactement la moitié de la centaine qui représente elle-même la longévité maximum espérée pour la plupart d'entre nous. Consciemment ou non, au-delà du cap fatidique des cinq dizaines, tout décline, et la précieuse mécanique humaine perd une grande partie de sa cote argus. Aussi, ayant atteint cet âge, mais néanmoins confiant dans l'état de mes artères, je m'apprêtais, comme chaque année, à faire remplir mon certificat d'aptitude par mon médecin traitant. La facilité apparente de la démarche me révèlera quelques surprises :
- "Ah, mais pas du tout, mon bon Monsieur, je ne vous le signe pas votre papier, il faut passer un test d'effort, un bilan sanguin, des analyses, et tout le toutim ...
- Ah bon ? ah bon ? et bien allons-y ..."
Quatre semaines plus tard, c'est la norme paraît-il pour avoir un rendez-vous, clinique de Trappes, premier client de la matinée, service cardiologie. Me voilà sur une improbable machine, certes munie de pédales mais très très loin d'un Cervélo, Canyon ou autre Look... Telle une souris de laboratoire, bardé de capteurs, j'ai pour mission de pédaler à l'exact rythme indiqué, l'effort devant se durcir graduellement. Au cran 6 ou 7, je ne vois pas encore où est le problème. Ma charmante cardiologue sent qu'elle va prendre du retard. Aussi, pour gagner du temps, elle me demande de sprinter. Bête et discipliné, roulez roulez petit bolide, j'obéis. Me concentrant sur mon effort, je m'imagine dans Port-Royal : le barbu a décroché, JB est à ma pogne, je l'entends souffler dans mon dos, les autres sont loin... (Jocelyne m'interrompt : "Tu devrais te lancer dans la science-fiction"). Je m'enflamme, que voulez-vous, je suis un lyrique. Où en étais-je ? Ah oui, une triste machine reliée à un ordinateur, lui-même relié à une blouse blanche qui m'apparaît avoir autant de compétences sportives qu'un alcoolique dans le domaine des eaux gazeuses... Fin du test, retour au calme, lecture des résultats. A la mine grave du docteur j'oppose un vague sourire niais, content de ma prestation sur sa saloperie de bécane de merde. Et là :
- "Que vois-je ? Des extrasystoles ! Des extrasystoles monomorphes isolées dont 2 doublets !"
J'ai toujours cru avoir bon coeur. D'un seul coup tout s'effondre et me voilà quasi cardiaque. Bien sûr, mon papier ne sera pas signé et le feuilleton doit continuer pour une troisième visite. Loin de moi l'idée de dénoncer un contrôle utile, j'admets être légèrement agacé par la procédure. A l'évidence, il ne me semble pas que nous constituions une population à risques, ou du moins pas plus que les CZ (collés au zinc) pour leur 6 ou 7 apéros quotidiens ingurgités hors fédération, et donc hors tout contrôle.
Si toutefois vous me retrouvez les bras en croix en haut de la Madeleine, personne ne fera de procès à la médecine locale. Et si cela doit arriver, je lègue mes vélos au club et mes maillots au pressing.

En attendant, sur injonction de qui vous savez, une sortie est proposée samedi 24/12 à 9 h Voisins (sauf si ça glisse).

dimanche 4 décembre 2011

Affutage du muscle et supplément d'âme suite


La bonne parole près du Carrefour de l'arbre

  Cyclisme et philosophie : de l'affutage du muscle au supplement d'ame
La Voix du Nord


Pévèle - Mélantois

Cyclisme et philosophie : de l'affûtage du muscle au supplément d'âme

mardi 29.11.2011, 05:36 - La Voix du Nord
 Xavier Garnotel (à droite) et Jean-François Balaudé : des gros braquets de la pensée. Xavier Garnotel (à droite) et Jean-François Balaudé : des gros braquets de la pensée.

| BOUVINES |

Le propre de l'homme, dès qu'il monte sur un vélo, ce n'est pas le rire. C'est la capacité de tutoyer Spinoza, en moulinant un bon braquet quelque part entre Baisieux et Cysoing !

Du moins, c'est ce qu'on a appris l'autre samedi à Bouvines en écoutant une surprenante échappée de cyclistes-philosophes, lancée du côté de l'Arbre par les organisateurs des semaines européennes de philosophie. Ils ont fait face à un gros peloton de passionnés, réunis par le maire de Bouvines, Alain Bernard, le représentant sur terre de Philippe-Auguste qui n'est pas le dernier à « allumer la mèche » (1), et le président des Amis de Paris-Roubaix, François Doulcier, qui n'hésite pas de son côté à « mettre le nez à la fenêtre » (2). Ces penseurs du vélo ont surpris leur auditoire avec une façon de raconter la course qui en a envoyé plus d'un « dans la moulure » (3).
Xavier Garnotel, professeur d'EPS et docteur en anthropologie, a publié une ethnologie du peloton, définissant ainsi l'identité du champion cycliste : un homme qui a une culture spécifique, un jargon et un bronzage qu'on ne peut pas rater ! Jean-François Balaudé, professeur de philosophie et spécialiste d'Épicure, a publié récemment dans Philo Magazine une conversation avec Laurent Jalabert : « Moi, dit Jalabert, la star des pelotons, dès que j'ai un dossard aux fesses, tout va beaucoup plus vite ! » En clair, le muscle entraîne le neurone. À moins que ce ne soit l'inverse...

Tout dans la tête

La réponse de Spinoza (L'Éthique, 1677) paraît simple. Il évoque un parallélisme de l'esprit et du corps.
En disant cela, il ne fait en réalité que « sucer la roue » (4) de Platon qui parle, lui, d'un « équilibre du corps et de l'âme ». Dur métier que la philosophie. Notre conférencier parisien s'est vite aperçu que ses premières citations venaient de « poser une mine » (5) philosophique dans l'assistance. Alors il a expliqué les choses en évoquant « les trois régimes de pensée cycliste », les trois braquets du philosophe sportif en quelque sorte. D'abord « le corps pensant méditatif » : c'est ce qui arrive au coureur à l'entraînement, il produit un effort régulier, les jambes tournent toutes seules, il a l'esprit qui se libère ! Ensuite, « le corps pensant tacticien » : c'est notre Jalabert qui « sent la course », qui réagit au quart de tour pour s'imposer en tête. Ou un Tom Boonen qui travaille son compagnon d'échappée au mollet dans le Pavé de l'Arbre : il le jauge, absorbe à l'instant « T » tous les paramètres du reste de la course et décide d'y aller seul, de planter son camarade qui a déjà commencé à « faire de l'huile » (6) !
Reste le « corps dépensant ». Celui-là, c'est l'apothéose. Il faut se mettre sur les pentes du Galibier.
Rapidement, le corps rentre en dette de Co² et de réserve glycémique. On se concentre sur l'effort, on continue. Et puis arrive le moment où on se met dans la zone rouge. Seuls les meilleurs passent ce cap-là, ils parlent d'une expérience cruciale, spirituelle. La volonté n'y est plus pour rien. C'est « un dessaisissement de soi, lance Jean-François Balaudé, on devient pur souffle, pur mouvement ! » En clair, c'est l'extase. L'auditoire en a eu le souffle coupé. Avant de redescendre sur terre. • E. D. (CLP)
(1) Commencer la bagarre, attaquer. (2) Tester ses adversaires en se portant en tête de la course. (3) Relancer la course, sans laisser le temps à l'adversaire de récupérer. (4) Se coller derrière un échappé sans jamais prendre le relais. (5) Porter une attaque violente et soudaine. (6) Être à bout de force après un long effort.

vendredi 2 décembre 2011

TROUPEAU SANS BERGER

Troupeau sans berger cherche barbu désespérement ...
8 h 55, Voisins, dimanche dernier : 15 mecs errent tels des âmes en peine.
"Alors, quel parcours ? Un groupe ? Deux groupes ?". Pas de leader naturel et aucune décision ne sera prise, ou plutôt on décide de ne rien décider. Le premier groupe se barre et nous attend trente mètres plus loin, et c'est finalement un seul paquet qui défile sous les yeux goguenards des habitués matutinaux du café La Providence. Pascal prend alors les clés du camion et nous emmène vers St Léger. Parcours plat, allure stable, RAS.
Quand même, Daniel, reviens ! Le VS sans le barbu c'est plus pareil. "I will be back" : LE BARBU II, le retour. Encore plus fort.
Des effets spéciaux à couper le souffle.
Un scénario en béton.
Des images d'enfer.
Prochainement à Voisins.
Première séance dimanche 04/12 à 9 h.